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Farha

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Farha– Brown girl on a bike

J’ai rencontré Farha un après-midi de ce début d’année. Venue à la Boite à Idée, visiter une de nos hôtes, (oui notre espace accueil régulièrement des voyageurs passionnés de culture, de passage dans la capitale). Farha s’était donc retrouvé à partager avec nous un déjeuner dominical durant lequel elle nous racontait l’origine de sa venue au Sénégal. Très surprise et impressionnée par son histoire, je lui proposai de revenir dans le cadre d’une entrevue pour votre plateforme culturelle favorite. Ainsi un soir, la semaine suivante, autour d’un tiakri (dessert locale très apprécié par la peulh que je suis), Farha répond chaleureusement à mes questions :

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Ce soir j’interviewais , Fahra , une #aventurière du 21ieme siècle ! Elle quittait #Londres il ya 4 mois avec son sac à dos et son vélo… Ce soir dans le jardin de la #ideaboxdk à #Dakar ; elle partage un bout de son histoire incroyable , qui ne fait que commencer… #midnight #wakhart #interview with @browngirlonabike ✊✌️ #amazingwomen #youaremyheros #inspirationalwomen #browngirlonabike #senegal stop

Une publication partagée par Wakh’art Sn (@akyasy) le 24 Janv. 2019 à 3 :22 PST


«  I’m Farha , the Brown girl on a bike. I am 32,  from London and also Kashmiri. Five month ago I left London with my bicycle… »

“Je suis Farha, la fille brune au vélo. J’ai 32 ans, je suis de Londres mais aussi originaire du Kashmire. Il y’a  5 mois, j’ai quitté Londres sur ma bicyclette…”

So what did you think at that moment, when you started your trip ?

Que penses-tu à ce moment, quand tu démarres ton voyage

« I didn’t realise what I was actually doing. I felt like I needed to leave London and felt very strongly about this. I lived in London for a long time, working very hard in social justice which is an amazing privilege, but at the same time, you see a lot of things that are wrong in the world. I was working with people who have been marginalised and who have not been treated right. So after a while of doing this, I felt tired and very cynical and in some way this is dangerous in a different way.  I felt like I was dying inside and felt very unsatisfied with the world. It was an emergency – I needed to leave before I lost myself in this horrible and cynical world. When I left, I instantly felt better. I knew it was the right thing to do and met so many amazing people along the way.  To anyone who questioned me : « isn’t it dangerous ? » I have so much evidence to the contrary, I met so many amazing and generous people. They restored my faith, my belief that actually we are good people and we are able to be good to each other. »

« Je pense que je ne me rendais pas compte de ce que je m’apprêtais à faire. J’avais besoin de quitter Londres, j’en étais convaincu. J’ai vécu à Londres longtemps, j’ai travaillé dure pour la justice social ce qui en soit est un privilège incroyable mais en même temps dans ce métier, tu vois beaucoup de choses qui ne tournent pas rond dans ce monde. Je travaillais avec des gens qui sont marginalisés où maltraités. Donc au bout d’un moment ca t’épuises et te rend cynique. C’est d’une certaine façon très dangereux. J’avais l’impression de mourir de l’intérieur j’avais le sentiment de ne pas étre satisfaite de ce monde. C’était devenue une urgence , j’avais besoin de partir avant que je ne me perde dans ce monde horrible et cynique monde. Quand je suis partie, je me suis tout de suite sentie mieux. Je savais que j’avais fais le bon choix et tout au long du chemin, j’ai rencontré tellement de personnes incroyables. Tous me demandaient:”Ce n’est pas dangereux?” J’ai eu beaucoup de preuve du contraire. J’ai rencontré des gens incroyables. Ils ont ravivé ma Foix, raviver ma croyance que nous sommes de bonnes personnes et nous sommes capable d’être bon les uns envers les autres. »

laroutedejoie (JB & Laura)
laroutedejoie (JB & Laura)

Why bicycle,  why you choose this type of transport ?

Pourquoi la bicyclette ? Pourquoi choisir ce type de transport ?

« I live in London. I’m a brown woman and I am muslim. I think, when you are a woman in this patriarchal world and a woman of color in a white world, there are so many systematic things that are designed to make you feel small and to disempower you. When I learned to ride a bike, I was 22 years old  and the feeling it gave me; of independence , control and power, was phenomenal.  When I knew I needed to leave London, I wanted to do it in the most powerful way possible and for me, The bicycle means taking back control and taking power in who I am. It felt like the right way to do it and there is something so beautiful about trying to build your self ! It is so beautiful to know that your body can do it, with the power to physically move you.»

« Je vis à Londres. Je suis une femme musulmane de couleur. Je pense que quand tu es une femme dans un monde patriarcale et quand tu es une femme de couleur dans un monde de blanc il y’a beaucoup de choses systématique qui te font te sentir petite et te désempares. J’avais vingt-deux ans quand j’ai appris à faire du vélo et cela m’a donné un sentiment incroyable d’indépendance, de contrôle et de pouvoir. Quand j’ai su que j’avais besoin de partir , j’ai voulu le faire de la façon la plus puissante possible qui soit pour moi. Le vélo veut dire reprendre le controle et le pouvoir sur ce que je suis.  Cela me semblait donc être la bonne façon de faire et il y’a quelque chose de beau quand tu essayes de te construire ! C’est beau de savoir que ton corps peut le faire avec le pouvoir de faire bouger. »

Farha par Luis
Farha par Luis

So Its a kind of new birth. Its like a spiritual trip…

Donc une sorte de renaissance. Comme un voyage spirituel.

« Yes completely. I really felt reconnected with my spirituality on this trip. When you climb a mountain and you are at the top, there is no way you cannot connect with a God or an energy of the world. And again, to know you are able to do it, it is phenomenal. I would just sing and sing loudly into the mountains in the middle of nowhere , in the desert. I would just sing so much. Singing about my day, singing , making noise, making sounds about everything… That is spirituality as well. It is making music with nature. I loved that, I love being able to think. I loved being out of the society, like I said, I lived like a nomad for five months. I really did ! I abandoned all the day to day things you must do when you live in society. I got to step out and that opened my eyes to all the connections we can make with nature, with people. It really felt powerful… I miss it. »

« Oui complètement. J’ai vraiment eu le sentiment de me reconnecter à ma spiritualité dans ce voyage. Quand tu escalade une montagne et que tu es au haut, tu ne peux qu’être connecté avec Dieu ou l’énergie du monde. Et encore une fois savoir que tu es capable de le faire c’est incroyable. Je chantais et chantais fort sur la montagne au milieu de nulle part dans le désert. J’ai juste tellement chanté. Chanté à cause de ma journée, chantée, fait du bruit, des sons… C’était très spirituel. Je faisais de la musique avec la nature. J’ai aimé çà, aimé pouvoir penser. J’ai aimé être en dehors de la société, comme je le disais, je vivais comme un nomade durant cinq mois. Je l’ai vraiment fait! j’ai abandonné toute les choses du quotidien. Etre hors de çà m’a ouvert les yeux et m’a permis d’être connecter à la nature, aux gens. C’est très puissant et ca me manque ! »

Desert par Farha
Desert par Farha

I can imagine all the stereotypes you heard during your trip, is it difficult to be a woman in this kind of trip ?

Je peux imaginer tous les clichés que tu as du entendre durant ton voyage, est ce difficile d’être une femme dans ce genre de voyage ?

«  Yes I heard many different type of stereotypes. “How can you do this ?” A women by herself, this and that. Everyone is telling you there is something dangerous. But the fact is the world is dangerous when you are a woman, right ?  The patriarchal system is designed to limit women’s movements, women’s freedom and capabilities right ? So of course me taking the trip alone as a woman in one sense is dangerous. But in a second sense, it is a resistance to all of those things.

My friend made a card for me.  She had a picture of me with my bike and she said : « Farha smashing the white patriarchy. » I felt the trip was political and that pushed me to challenge the notion. some people said in Africa it could be bad but sexual harassment here is not better or worse than sexual harassment in Europe. It is the same, manifesting differently. Europeans have just normalised the types of harassment experienced so it may just feel worse elsewhere. Its true , this trip is more dangerous because I am a woman, but as a feminist,  I need to do the things I want to do. But am I less safe in Africa ? I can’t waste time listening to that, that notion is racist. »

« Oui j’ai entendu différents types de clichés. Comment peux-tu faire ca ? Une femme seule, bla bla bla… Tout le monde te dit qu’il y’a quelque chose de dangereux. Mais le fait est que le monde est dangereux quand tu es une femme ! Le  système patriarcal est  construit pour limiter les femmes dans leurs mouvements, leurs libertés, leurs capacités. Donc oui bien sure, moi une femme, faisant ce voyage seule, dans un sens, c’est dangereux. Mais d’un autre coté c’est aussi un acte de résistance à toutes ces choses.

Mon amie m’a fait une carte, elle a prit une photo de moi avec mon vélo et a ajouté : « Fahra fracasse le patriarcat de droite. » J’ai l’impression que ce que je fais est politique et ca me motive. Ils m’ont dit l’Afrique peux être dangereuse. Le harcèlement sexuel en n’est pas mieux ou pire que celui en Europe. C’est la même chose qui se manifeste de différentes façon. L’Europe a juste normalisé les types de harcèlements expérimentés donc on a l’impression que c’est pire ailleurs. C’est vrai, ca peux être plus dangereux parce que je suis une femme mais je reste une féministe et j’ai besoin de faire les choses que j’ai envie de faire. Mais est ce que je suis moins en sécurité en Afrique ? Je ne peux pas accorder  de temps à ces propos parce qu’ils sont racistes.

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Were you scared at times during your trip?

As-tu eu peur durant ce voyage ?

« I was scared so many times and I don’t want to pretend that I was not. When you are alone in the middle of nowhere it’s scary. The feeling like nobody is here, anything can happen and what on earth am I doing ? That doesn’t leave you. I try to use the brain and the body. I think alot of the time,  my body will tell me if i am in danger. Actually it’ s about listening to that instinct and when you are worried,  questioning : « is it just in my head or is my body also telling me to be scared ? » For example when I put my tent up in the middle of the night in the middle of nowhere, I kept hearing voices, I heard what sounded like an army outside but it was nothing, I was in the middle of nowhere and my brain was going into overdrive and imagining all these things but actually my body was calm. But I did sleep with a knife just in case! »

« J’ai eu peur à de nombreuses reprises, je ne prétendrais pas le contraire . Quand tu es seule au milieu de nulle part c’est effrayant. Le sentiment que personne est là, que tout peut se arriver et que qu’est ce que je fais? Ca ne te quitte pas. J’ai essayé d’utiliser la tête et le corps. J’ai pensé de nombreuses fois, que mon corps me dirait si je suis en danger. En faite il s’agit d’écouter çà quand on est inquiète et de se demander : « est ce que c’est ma tête ou c’est mon corps qui me dit d’avoir peur. » Par exemple quand j’ai monté ma tente au milieu de la nuit, au milieu de nulle part, j’entendais des voix , des bruits,  comme une armée dehors mais ce n’était rien, j’étais au milieu de nulle part mais mon esprit allait dans tous les sens et imaginait toutes ces choses et mon corps, lui ne ressentais rien. Mais je dormais avec un couteau juste au cas où. »

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I think this is the biggest part, fighting against yourself. It’s so inspiring Farha. Women have to know your story.

Je pense que c’est la plus grosse partie. , ce battre contre soi même. C’est tellement inspirant Farha. Les femmes doivent connaitre ton histoire.

“I want people to know that I am not brave nor special. I don’t exercise, I’m not adventurous. I think people always believe there is something they would or could never do. I wish people could see me before the trip, I was a different girl… really! Anybody can do this. It just requires the belief in your inner self. And that’s the hardest to achieve for so many reasons, i get it….”

“Je veux que les gens sachent que je ne suis ps brave ni spéciale. je ne fais pas d’exercice. je ne suis pas une aventurière. Je pense que les gens croient qu’il y’a quelque chose qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire. Je souhaite que les gens m’aient vu avant le voyage, j’étais une fille différente. N’importe qui peut faire ça. Ca demande juste une Foix en sois-même et c’est le plus dure à faire pour de nombreuses raisons.”

What was your best meeting ?

Quel était la plus belle rencontre ?

« This lady, Zahra. She’s really lovely. It was in Mauritania and i mentioned before  that I got very sick in Mauritania.  I was in the deep desert  and sick but after five days ,I reached a little village, I went to the shop and bought a coca cola and some bread. And there was one woman, across the road, who was selling vegetables. I said hello and she said hello. She came next to me. She talked to me in french, I answered in english. She offered me some tea and she took me to her house. She gave me food, she introduced me to her whole family and they gave me the best, they shared all they had with me. It was so kind. Together, we watched her brother’s wedding video. After I said : « I have to take the road again» They said : «  ok »  and took me back to the road and said goodbye. I think I was with them just three hours but it was everything I needed in that moment : family time, food, hot tea… It was really magical and so important to me at that moment when I felt so weak.. »

” Cette femme s’appelle Zahra , elle était adorable. C’était en Mauritanie et je l’ai mentionné avant , j’étais vraiment malade en Mauritanie. J’étais dans le désert profond et malade mais après cinq jours , j’ai trouvé un petit village, je suis allée dans une boutique , j’ai acheté un coca-cola et un peu de pain. Il  y’avait cette femme, de l’autre coté de la route qui vendait des légumes. J’ai dit bonjour , et elle aussi. Elle est venue a coté de moi. Elle me parlait en français et je répondais en anglais. Elle m’a offert du thé c’était très gentil. Ensemble nous avons regardé la vidéo de mariage de son frère. Aprés je leur ais dit : ” je dois reprendre la route.” Ils m’ont dit : ” ok” et  ils m’ont remis sur la route et m’ont dit au-revoir. Je pense que je suis restée avec eux trois heures mais c’était tout ce dont j’avais besoin à ce moment : un moment familiale , à manger, du thé chaud. C’était vraiment magique et tellement important à ce moment ou je me sentais tellement faible.”

Farha par Luis
Farha par Luis

Any advice for us, if we want to start a trip like that ?

As-tu un conseil à donner, si on veut faire ce type de voyage ?

«  Ok the first one, would be just : have your end goal but take each day as it comes. Accept the day . Be open to change and listen to your body. I learned so much about my body. »

”  Ok le premier conseil serait juste : aller au bout de votre objectif et prenez chaque jour comme il vient. Acceptez le ! Soyez ouvert au changement et écoutez votre corps, j’ai appris beaucoup de lui.”

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