Catégorie:
Danse
SousCatégorie:
Danse
Nom :
Nathalie Fanja Haaby

La première fois que j’interviewe Nathalie, nous sommes en 2012. L’artiste avait alors une pratique entre art & thérapie. « Je fais de la danse, depuis peu du slam, mais aussi beaucoup de dessin, collage et de peinture. Je touche un peu à tous ce qui entoure vraiment l’art plastique. » Six ans après, la thérapeute me retrouve à la Boite à Idée, pour me présenter son nouveau projet et autres moyens d’expression artistique sur lesquels elle travaille aujourd’hui.

« J’ai fait mon petit chemin, toujours en parallèle de mon travail de thérapeute. Maintenant quand je peins j’accompagne mon œuvre d’un texte. A terme ce que je cherche à développer, c’est de lier mes trois disciplines, de présenter une projection vidéo avec ce que je fais au niveau plastique : les dessins, collages et peintures ; d’avoir mes textes et une expression au niveau corporel. »

Comment tu arrives présenter ça ensemble ?

« Je ne suis pas sans arrêt en train de déclamer et mes mouvements sont issus de la danse contemporaine.

Je suis entrain de développer au niveau de la musique une base trip-hop, dub, électro-dub et l’idée c’est d’évoluer avec un artiste Deejay sur scène qui va avoir les pistes et les faire évoluer. Ca va être dans la performance aussi pour la musique. On ne peut pas avoir un morceau figé. L’idée est qu’il lance la musique et la fait évoluer avec les mouvements de danse. J’ai mes textes et les structures de textes ainsi que la technique que j’ai acquise dans la danse mais je garde une part d’improvisation. C’est ça ma démarche. J’ai eu à le faire dans le cadre d’expositions. Notamment pour l’artiste Kiné Aw qui présentait son travail dans un musée. J’ai commencé à interagir avec l’un de ces tableaux et à déclamer l’un de mes textes. Ce texte allait avec la thématique abordée dans l’œuvre.»

Tu franchis un peu une nouvelle étape dans ta collaboration avec J.B Joire.

« ça c’est l’aboutissement du travail que je fais en ce moment. C’est un clip qui s’appelle Elément Terre. Comme le titre l’indique c’est une composition qui invite le public à revenir à la base. Faire attention à la Terre, apprendre à se reconnecter avec la nature. C’est une musique qu’un ami à moi a composé. Il est installé en Belgique et il a travaillé le morceau dub à partir du jeu d’un artiste malgache qui pratique le chant et la guitare traditionnelle malgache (kabosy). Dans cette vidéo je suis vêtue en Yogi, parce que ça se réfère aussi à ça : la méditation. Pour pouvoir arriver à la reconnexion avec la nature, il faut apprendre à se retrouver avec soi même. Il faut pouvoir s’arrêter et se poser. C’est un clin d’œil à ma pratique du Yoga, que je fais depuis sept ans. »

YOGA

« Le yoga est une pratique personnelle qui permet de lier le corps, le mental et le spirituel. Le Kundalini yoga c’est un yoga de l’énergie, il permet d’élever la conscience. La démarche est vraiment différente des formes de Yoga les plus fréquentes, elle est plus complète, plus spirituelle.

Avant, j’étais dans des choses physiques : le karaté, la danse, des choses assez intenses. J’avais beaucoup de choses à gérer, beaucoup de stress. Tout ça a commencé à m’affecter physiquement et moralement, j’avais besoin de me détendre et cette forme de yoga était parfaite pour moi. J’étais plus à l’écoute de mon corps, de mon esprit et de mon âme. Ça m’a vraiment équilibré.

Quand on fait ça, quand on trouve ce qu’on doit faire vraiment dans sa vie, on retrouve l’équilibre. J’ai toujours eu besoin de donner du temps à mon art et à ma pratique de thérapeute. Mais pour aider et accompagner les gens, j’ai du trouver mon équilibre et le Yoga faisait partie de cette démarche. Le yoga et la méditation me permettent de me recharger.»

La Quête

« Au fur à mesure du temps, la pratique artistique prend plus de place dans ma vie. En même temps c’est mieux parce que j’ai du temps pour moi. Ca me permet d’être plus dans la qualité. Parce que si je pratique plus en tant qu’artiste, j’ai le temps d’avoir de nouvelles idées, d’échanger avec d’autres, de me nourrir à travers les expos et je ne peux qu’améliorer mon expression artistique et proposer des choses originales dans l’art thérapie…

Ma quête pendant longtemps a été identitaire, notamment du fait de mon métissage. C’est quelque chose d’être né au Sénégal, d’une mère malgache, d’un père français. Je me suis longtemps questionnée et j’ai travaillé pas mal notamment à travers la psychologie. Avec le Yoga ma quête est plus spirituelle, trouver la paix, l’équilibre et la transmission. Parce qu’à terme j’aimerais ouvrir des groupes de méditations avec les familles ; des temps d’initiations où je pourrais transmettre cette connaissance. Je pense que c’est une belle démarche à faire en famille. Dans la vie qu’on mène aujourd’hui, c’est indispensable de s’arrêter et de se retrouver avec soi même. »

Madagascar

« Il y a un festival de slam à Tana (Antananarivo  – la capitale), j’aimerais y participer. Sinon en 2020  je prévois d’y retourner. J’ai de la famille là-bas que je visite dès que je peux. Il faut savoir que le voyage est très cher… J’y étais il y a deux ans.

Les malgaches sont très connectés à leur culture. Ils sont très forts en musique, ils ont une pratique très intuitive. Les gens improvisent, tous chantent. Dans ma famille, souvent dès que j’arrive on chante et danse. J’ai vécu beaucoup avec les malgaches du Sénégal. Il y a une belle communauté malgache à Dakar. J’ai aussi grandi dans cet environnement… »

Une œuvre

« Si j’étais une œuvre ou un objet d’art, je serais un tableau. Parfois je ne peux pas parler mais par la peinture et les couleurs mes émotions sortent. Donc j’aime l’énergie qu’on peut retrouver dans un tableau abstrait. Une catharsis. (Purgation des passions – selon Aristote.) »

Environnement

« Je fais partie d’une association Biophilia (l’amour du vivant) qui est à Ngor. J’y donne des cours de Yoga. Ils sont aussi liés à l’Océanium de Ali Haidar. En ce moment il y a un projet 100 Millions de graines pour la terre. Ce projet consiste à jeter des graines partout dans le pays, via des lances –pierres et ça avant les premières pluies pour semer de façon anarchique dans des zones choisis. L’association organisait il y a peu une soirée au Clos Normand où j’ai contribué avec une performance à partir de deux œuvres plastiques et du slam.

Il y a un autre projet de centre qui est en train de se développer en Casamance. Un espace qui veut rassembler les savoirs faire ancestraux en terme de médecines traditionnelles, les animistes de Casamance, les magnétiseurs, médecines chinoises, ayurvédiques, toute la thérapie holistique ( la vision de la santé dans sa globalité ) . Une école de permaculture… il y a plein d’autres choses qui vont se développer. C’est sur l’île d’Egueye, ce n’est pas très loin d’Oussouye.

A terme c’est quelque chose que je veux proposer. Pouvoir recevoir mes patients dans un lieu dédié à la nature pour que la personne sorte de son milieu, crée un moment de rupture… Des retraites pour aussi apprendre à bien se nourrir. »